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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 11:46

Jean-Philippe nous envoie ses première impressions de Taipeibeware-of-picasso-LIGHT.jpg

Beware of Picasso

buddha-main-shrine-building--temple-de-Foguangshan-LIGHT--2.jpg

temple de FoguangshanKaoshiung--lac-du-lotus--sculpture-tunnel-LIGHT.jpgKaoshiung, lac du lotus- sculpture tunnel 

 Kaoshiung--Lac-du-lotus--sculpture-porte-bonheur-LIGHT.jpg

Kaoshiung, Lac du lotus, sculpture porte bonheur

Kaoshiung--Lac-du-lotus--sculpture-temple-LIGHT.jpg

Kaoshiung, Lac du lotus, sculpture-temple

(à suivre)

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 09:58

Duane Hanson, à la Villette, pavillon Delouvrier : "Le rêve américain..."

Entrée libre. Jusqu'au 15 août.

 

Des statues sans socle, sans protection ni barrière (sauf Lunch Break : trois ouvriers qui cassent la croûte sur leur chantier). Il s’agit de moulages en résine avec des vrais cheveux, de vrais vêtements dans des positions très communes… On dirait tellement des mannequins qu’on en arriverait à se demander si c’est de l’art..?

Vous êtes déjà allés au musée Grévin ? Ce musée est célèbre pour ses reproductions en cire de personnalités historiques et actuelles. La réalisation de ces personnages est fondée sur la sculpture. Les visages sont modelés dans la terre glaise au cours de séances de pose avec la personnalité. Pour les personnalités actuelles, ce sont souvent leurs couturiers attitrés qui les habillent où elles-mêmes offrent à Grévin une de leurs tenues. De même pour les accessoires.

Eh bien tout ce travail constitue une attraction mais ne prétend pas relever de l’art. En revanche le travail de Duane Hanson qui élimine le modelage puisque les visages de ses œuvres sont moulés, lui est exposé dans les musées et les galeries comme œuvre d’art.

« Le musée Grévin ne s’intéresse qu’aux célébrités » me direz-vous. Oui, sauf que, mêlés au public, il y a quelques anonymes, un faux pompier de service, le gros monsieur assis sur un banc, dans le but humoristique de surprendre les visiteurs.

Qu’est-ce qui fait l’art des empreintes de Duane Hanson et non des statues de cire du musée Grévin. L’intention ? Duane Hanson cherche à émouvoir la pensée. L’attitude des personnages, leur regard semblent exprimer quelque chose de subtile entre l’attente, l’ennui, la frustration, le vide…  Le plus caractéristique : L’homme au walkman. Isolé comme tous les autres, il est, enfermé en lui-même ; ils n’entre en relation avec personne, même avec nous qui ne pouvons pas facilement croiser son regard.

Parce que tous les regards ne sont tournés vers rien ; ou vaguement intériorisés, sur la vanité du « rêve américain » comme le suggère le titre de l’expo. On pourrait mettre en bande son la chanson des Misérables qui a fait le succès de Susan Boyle : I dreamed a dream…J’avais rêvé d’une autre vie mais la vie a tué mes rêves…

1548-raw-Duane-Hanson--Queenie-II--1988.jpgOn reproche souvent à l’art contemporain d’être inaccessible, mais ici c’est le contraire. Quelle proximité ! Quelle facilité d’accès ! Trop ! Proximité physique, proximité culturelle (immédiatement recevable), proximité « humaine » (tellement l’illusion est grande) suscitent d’autres réflexions. S’agit-il seulement d’un effet miroir ? D’un symptôme des errances de la société américaine qui sont aussi les nôtres ? Ces dernières œuvres de Duane Hanson ne se contentent plus d’illustrer un message social ou politique univoque comme lorsqu’il dénonçait la guerre du Viêt-Nam à ses débuts. On ne pourrait guère parler d’art…

Alors, où réside la poésie ?

« Queenie » 1988 : son nom est brodé sur son vêtement de travail. A travers ses lunettes, ses yeux regardent dans le vide. Elle seule porte un nom. On saisit soudain que le soin apporté aux œuvres est un soin apporté aux personnes, comme une preuve de tendresse. Il les aime ses personnages anonymes, ces petites gens tirés de la banalité du quotidien

Et puis il y a « Le vendeur de voiture »1992 : classe moyenne, détenteur d’un maigre prestige, banalité des vêtements : attente, crispation : prédateur minable qui donne le change pour attirer le client. Ce n’est plus une empreinte, c’est une composition. Les dernières œuvres ne sont plus des personnes mais des personnages, des types constitués de différents moulages, comme Rodin recomposait des bras et des jambes conservés en réserve. Dès lors, la proximité s’accompagne en réalité d’un léger effroi, celui que procure le double. Une gêne inavouable devant la monstrueuse victime, consentante, d’un système indiscutable ; et qui me ressemblait comme un frère…

Effroi et amour, mon regard vers le Fils de l’Homme crucifié en connaît les promesses.

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 10:56

Copie-de-Noli-me-tangere.jpg
« Chefs-d’œuvre ? » tel sera le titre de l’exposition inaugurale du Centre Pompidou-Metz en mai 2010. Prudent point d’interrogation. Il répond déjà partiellement à la question lorsqu’elle s’adresse à l’art contemporain : le temps, la durée font partie de la réponse. On ne saurait conjuguer le chef d’œuvre au présent… Justement, ne fallait-il pas laisser cette expression désuète à l’art patrimonial ?

L’artisanat fonde historiquement le chef d’œuvre ; le résultat final des études dans telle ou telle corporation, et attribué par les maîtres. On admire encore les chefs-d’œuvres des charpentiers, tailleurs de pierre, chocolatiers, dans tel musée ou telle vitrine. Eloge d’un savoir faire aux règles reconnues.

En art, l’emprise du marché tend à donner la maîtrise au public consommateur et nommera chef-d’œuvre ce qui lui plaît, se vend et fait vendre les produits dérivés. Au mieux, c’est la célébrité qui fait le chef-d’œuvre. Dans un dossier du numéro 308 de Beaux-Arts Magazine sur cette question, le philosophe Boris Groys consacre une telle définition (p.63). On ne la repoussera pas d’un revers d’argument. La critique et les institutions participent de cette célébrité et, dans le meilleur des cas, contribuent à former et à orienter les regards.

Cependant, beaucoup d’œuvres célèbres, le sont devenus sur des critères étrangers à l’art : le scandale qu’elles suscitent, leur prix, leur opportunité d’un moment… Seule mon expérience esthétique personnelle – et non les reproductions photographiques - discernera un éventuel chef-d’œuvre. Comment ?

Sous la plume d’Emmanuelle Lequeux, le même dossier esquisse quelques repères recommandables : « Œuvres ouvertes, dont le cœur en même temps demeure clos sur lui-même, ce qui leur permettra de traverser les siècles tout en restant préservées. Je te touche, mais Noli me tangere, ne me touche pas: je suis trop loin de ta réalité. »

Le chef d’œuvre me touche et me tient en respect ; il plaît et inquiète à la fois. Cette comparaison de la relation au chef d’œuvre avec celle de Marie de Magdala au Christ ressuscité - si souvent interprété par les peintres – sonne juste. Une analogie de relations, rien de plus. Mais rien de moins. Pour tout chrétien, cette analogie éclaire l’importance mystique que l’Eglise, et chacun de ses membres, accordent à l’art. L’art authentique, contemporain ou demeuré vivant dans les chefs-d’œuvre du passé.

Emmanuelle Lequeux poursuit ces « paroles de chefs-d’œuvre » qui appellent à une observation attentive, une expérience effective, un véritable corps à corps, en vrai, contrairement aux plus célèbres « conçues avant tout pour les médias, destinées à faire image plutôt qu'à imposer une présence. Peu importe qu'on voie le miroitant Rabbit (Jeff Koons) dans un magazine ou en vrai : sa seule mission est de faire surface, de livrer une vérité lisse. Le chef-d'œuvre doit au contraire s'appréhender de tout son corps : c'est à une peau, une silhouette, une pupille vibrante, qu'il s'impose comme évidence, dans un dialogue immédiat, en attendant que ne se cristallisent d'autres vérités, plus universelles.» (p.67)

Nous garderons la notion de chef-d’œuvre parce que nous demeurons vigilants et exigeants dans cette relation essentielle qu’est l’art.

Michel Brière

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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 09:49

"Ce départ nous laissera poignée de poussière"
(Mahmoud Darwich, in La vérité a deux visages et la neige est noire)

Aujourd'hui je suis allé visiter l'exposition d'art contemporain "Palestine : la création dans tous ses états". Elle est très courte - 2h pour tout regarder avec attention - et une fois n'est pas coutume, j'en suis sortie en ayant tout compris. Allez-y, n'hésitez pas à entrer dans toutes les pièces (même celle qui a un avertissement pour les cardiaques), et prévoyez de pouvoir enlever vos chaussures car on y fait même l'expérience de la prière.

 

Le ton général des artistes exposés est étonnamment calme et sans agressivité. Dans la première oeuvre "Chic Checkpoint" on reconnaît Saleh Bakri, l'acteur principal du "Temps qui reste" de Suleiman, avec son sourire moqueur. C'est un sourire moqueur qui traverse l'exposition. Comme d'autres peuples l'ont fait dans des situations d'oppression, il y a de l'humour dans les oeuvres. Devant le travail de ces 19 artistes, je suis fortifiée dans l'idée qu'un peuple doit absolument être doté d'artistes pour trouver sa voix résistante et pour ne pas oublier qu'il existe car ce sont les artistes qui laissent un témoignage et des traces de vie.

 

Dans Bayyaratina (Suha Shoman), on constate que le terme "déracinés" n'est pas métaphorique. La même artiste dans une vidéo composée d'image d'archives (Stop for God sake, Suha Shoman), pose une question : "Qui l'a commencée?" à laquelle répond une autre question, la plus importante : "Qui la finira ?" 

 

Au moment de sortir, deux oeuvres se font face, des peintures. A gauche, Standby 60 de Hani Zurob, six tableaux, un par dizaine d'années d'occupation du territoire, représentant un homme assis. A droite, deux tableaux de Kamal Boullata, Ascension III. C'est la position dans laquelle se trouve la Palestine aujourd'hui : en souffrance depuis 60 ans, mais espérant encore qu'elle se relèvera un jour.

Charlotte

 

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5 octobre 2008 7 05 /10 /octobre /2008 10:01
"...au coeur d'immenses ténèbres" ***

Mark Rothko, Untitled (Black, red over black and red) 1964, 205x193 cm (détail)

Vers la fin de l'exposition, j'ai eu un choc. Traces du sacré m'a permis de faire mon "baptême du Rothko". Je n'en avais jamais vu "en vrai" et pour ce tableau, l'exposition en valait la peine. D'autant plus que la couleur centrale de ce tableau est le noir. Ce carré de peinture noire forme un écran sur lequel tout un monde de traits, d'intensité de noir, est disposé. Bien sûr, je ne redirai pas ce que les spécialistes ont sans doute souligné vingt fois sur la virtuosité de Rothko dans sa façon de placer les couleurs, mais je répéterai à quel point le fait de placer le noir au centre du tableau éclaire paradoxalement l'ensemble et donne à ce rouge une luminosité qui aurait été moindre s'il avait été seul ou avec une couleur plus claire. L'obscurité qui est le coeur du tableau fait rayonner le rouge qui l'entoure.
Rothko parlait de sa peinture comme d'une expérience religieuse pour celui qui les regarde, il avait parfaitement raison : son tableau "Black, red over black on red" devient une manifestation de ce que peut-être la vie mystique.
Charlotte

Mark Rothko, Untitled (Black, red over black and red) 1964, 205x193 cm

*** Il s'agit des derniers mots de Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad : "...into the heart of an immense darkness".

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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 09:50
Peut être que cela n'a pas de sens de parler d'une exposition terminée. Toutefois, les questions soulevées par "Traces du sacré" ne sont pas ponctuelles, elles se transmettent siècle après siècle. Je ne dirai pas ce que je pense de l'exposition, je suppose qu'elle se devait d'être en introduction à notre nouveau millénaire qui "sera religieux ou ne sera pas." Etrange que la phrase de Malraux - je n'entre pas dans le débat de cette sentence réellement prononcée ou fantasmée - ne soit d'ailleurs pas inscrite dans le parcours du musée Beaubourg alors que c'en est la conclusion. 

Il apparaît que les artistes malgré les apparences s'acharnent à rendre cette prophétie réelle. L'intérêt de l'exposition c'est qu'elle pointe du doigt une évolution. Une réconciliation même. L'art, l'artiste, semblent ne pas pouvoir échapper à ses racines plantées dans le sacré. De là, il faut souligner le choix - très beau - de cette main "électrifiée" ou "magnétisée" qui illustre l'affiche de l'exposition. Je ne savais pas qu'elle faisait partie d'une expérience qui inspira l'occultisme mais pour ma part, elle évoque les premières traces d'art sacré que nous connaissons : ces mains peintes en "pochoirs" sur les parois des grottes. Quelques milliers d'années plus tard, même procédé, même symbolique. Quoi de plus humain qu'une main (on s'identifie grâce à ses empreintes digitales), quoi de plus tendu vers le sacré que le fait de peindre par transparence, de rendre visible ce qui - sans la matière qui l'entoure (la peinture, le champ électrique ou magnétique) - serait invisible?

Comment manifester l'invisible? comment le représenter? Le mythe de la Tour de Babel est toujours d'actualité. L'art tente désespérément de nous placer, nous les humains, là où Dieu devrait être. Parmi les centaines d'oeuvres de l'exposition se trouve un bloc cubique de verre à l'intérieur duquel a été sculpté un éclat, parfaite représentation de l'univers une fraction de seconde après le Big Bang. Les visiteurs de l'exposition peuvent tourner autour et au-dessus, ils ne s'en privent pas, c'est l'une des plus belles oeuvres exposées. Il s'agit de "Proposition pour un nouveau modèle de l'univers" d'Anish Kapoor. Ainsi, ce bloc représente l'espace dans lequel s'étend notre univers et nous, spectateurs, nous trouvons là où Dieu est, c'est-à-dire omniscient vis-à-vis de chaque recoin de l'univers. Nous assistons à la création du temps et nous sommes face à l'une des questions fondamentales : s'il n'existe pas de nécessité physique à la création de l'univers, quelles en sont la raison et le sens? Ainsi, nous pouvons tenter de nous tenir à la place de Dieu, intellectuellement, il nous demeure impossible de comprendre le geste de Création. Il nous reste à observer le résultat : la Création/création est nécessaire à la vie.

J'ai protesté contre l'emplacement de ce bloc situé au milieu du passage si bien qu'il était difficile de rester longtemps devant sans gêner la circulation des autres visiteurs. Finalement, je me dis qu'au fond, cela nous empêche de rester trop longtemps dans les chaussures de Dieu...

(à suivre)
Charlotte
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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 10:01

Chut !
Petit exercice de contemplation en ligne

la-nuit-Garnell.JPG

La Nuit III, Jean-Louis Garnell, 1989, 100x120, C Print

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13 février 2008 3 13 /02 /février /2008 09:01
Voici "Clin d'oeil", voici la première vidéo du blog, le premier court métrage de Nathalie avec son équipe :
désolé, pas moyen de la mettre en lien, mais allez voir quand même :-) ça vaut la peine
http://www.youtube.com/watch?v=IMR9Ejkq95A
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26 octobre 2007 5 26 /10 /octobre /2007 18:44

oz-8-final-1-.jpg
II - "De pouvoir voir le visage de Dieu dans un tel trou à rat."

 En quoi cette série se distingue-t-elle ? Dans le fait qu'elle met le spectateur en constant déséquilibre. Au lieu de désigner un héros, un personnage à qui s'identifier facilement, sans être gêné, qu'on retrouvera avec sécurité au prochain épisode, elle fait défiler un nombre incroyable de caractères, tous plus cruels les uns que les autres. Impossible de savoir qui va rester en vie jusqu'au bout de l'épisode, puisque l'activité principale dans la prison est de survivre. C'est sans doute la série qui a fait le plus de morts (fictifs) car les décès sont très souvent plus d'un par épisode. Pas de figure plus attirante que l'autre, plus sympathique.

Il existe deux punitions à Emerald City qui impliquent toutes deux la question du regard. L'une est la cellule d'isolement, cellule complètement vide, sans matelas, sans toilettes, où les prisonniers sont envoyés, mis à nus, ne communiquent avec personne, la nourriture arrive par une fente, la lumière n'entre pas. Même si à Oz on risque sa vie à chaque seconde, les prisonniers préfèrent être au milieu de tous qu'à l'écart, où ils n'existent plus, comme au théâtre où le "pouvoir" appartient à celui qui occupe l'espace de la scène. En isolement, les hommes s'autodétruisent. La deuxième punition est une cage placée au milieu de l'unité d'Emerald City, où, comble de l'absurde le prisonnier puni est exposé au regard de tous. Surexposé alors, centre de l'attention et de la haine, bouc émissaire pour un moment ?  
Etrangement, l'architecture de la prison fait parfois penser à une église: des portes en arches, des couloirs à peine éclairés, des fenêtres en longueur avec des vitraux qui ne laissent presque pas passer la lumière. Beaucoup de question sur Dieu sont par ailleurs soulevées car dans un endroit où les notions de bien et de mal sont déplacées voire inexistantes, que devient Dieu? Ainsi, ces hommes écartés par la société se sentent abandonnés par Dieu, malgré les efforts des deux religieux faisant partie du personnel de la prison (une religieuse et un prêtre catholiques) pour les soutenir. La beauté de cette série est de faire ressortir de manière beaucoup flagrante ce qui est grand et beau chez l'homme. Car lorsque quelque chose de positif arrive, c'est un étonnement émerveillé qui se manifeste chez le spectateur, de quoi garder un peu d'espoir devant les actes de criminels qu'il faut pourtant voir comme des créatures de Dieu :

          Un prisonnier : « Mon père. Où était Dieu quand mon fils est mort ? »

          (Un temps de silence.)

          Le prêtre : « Là où Il était lorsque Son propre fils est mort. »


Charlotte

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20 octobre 2007 6 20 /10 /octobre /2007 12:06

IMG-0055.JPG
Une très belle expo, à voir absolument si vous le pouvez. Les œuvres sont très dépouillées. Le vocabulaire plastique est très simple : palette réduite, formes étirées plus ou moins
organiques. Des dessins qui semblent monochromes, mais qui, vus de près se révèlent tout en nuance. La technique est le pliage, intention qui fait apparaître le hasard. Le plus
dépouillé et lisse des noirs se révèle matière, texture, et non simple trait. Des nuances des couleurs apparaissent : le regard fait apparaître la matière. Ces dessins jouent à la fois
du trait, du pochoir et de l’empreinte, font dialoguer, vide et plein, couleur et matière. Orozco est sculpteur ; dans ses dessins  il sculpte le vide pour lui  faire prendre corps.
                Une pièce dépouillée, éclairée, naturellement , surprenant par rapport au reste. Il y a « peu » à voir : dans un angle, à la hauteur du regard, des taches que l’on reconnaît
comme l’empreinte d’un visage. Au sol, une sculpture compacte noire porte une série d’empreintes de mains. Sur un socle blanc, une autre, aux mêmes matériaux et couleurs,
porte aussi une série d’empreintes  de mains. On y reconnaît la forme d’un bassin humain.
L’œuvre, me semble-t-il, n’est pas seulement dans ces pièces, mais dans la circulation, le souffle entre elles. Cette exposition, ces œuvres-ci, questionnent la présence, l’absence,
la figuration, l’apparition. Elle m’évoque les réflexions sur la capacité de l’art à rendre le mystère de la figure humaine, et aussi celles sur l’Incarnation de Bernardin de Sienne :
l’Infini dans le fini, incontrôlé dans le contrôlé... N’est-ce pas comme dans le pliage.  L’un est lié à l’autre : l’intention  de l’artiste n’est-elle pas parole, pensée, la peinture, une
chair. Ici se dit quelque chose du mystère de l’existence, de la figuration : l’idée, « le verbe »  qui se fait chair.

                Anne

Gabriel Orozco Dépliages, galerie chantal Crousel jusqu’au 20/10, mar-sam 11h-13h, 14h-19h, 1o rue Charlot (3ème)

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