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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 09:50
Peut être que cela n'a pas de sens de parler d'une exposition terminée. Toutefois, les questions soulevées par "Traces du sacré" ne sont pas ponctuelles, elles se transmettent siècle après siècle. Je ne dirai pas ce que je pense de l'exposition, je suppose qu'elle se devait d'être en introduction à notre nouveau millénaire qui "sera religieux ou ne sera pas." Etrange que la phrase de Malraux - je n'entre pas dans le débat de cette sentence réellement prononcée ou fantasmée - ne soit d'ailleurs pas inscrite dans le parcours du musée Beaubourg alors que c'en est la conclusion. 

Il apparaît que les artistes malgré les apparences s'acharnent à rendre cette prophétie réelle. L'intérêt de l'exposition c'est qu'elle pointe du doigt une évolution. Une réconciliation même. L'art, l'artiste, semblent ne pas pouvoir échapper à ses racines plantées dans le sacré. De là, il faut souligner le choix - très beau - de cette main "électrifiée" ou "magnétisée" qui illustre l'affiche de l'exposition. Je ne savais pas qu'elle faisait partie d'une expérience qui inspira l'occultisme mais pour ma part, elle évoque les premières traces d'art sacré que nous connaissons : ces mains peintes en "pochoirs" sur les parois des grottes. Quelques milliers d'années plus tard, même procédé, même symbolique. Quoi de plus humain qu'une main (on s'identifie grâce à ses empreintes digitales), quoi de plus tendu vers le sacré que le fait de peindre par transparence, de rendre visible ce qui - sans la matière qui l'entoure (la peinture, le champ électrique ou magnétique) - serait invisible?

Comment manifester l'invisible? comment le représenter? Le mythe de la Tour de Babel est toujours d'actualité. L'art tente désespérément de nous placer, nous les humains, là où Dieu devrait être. Parmi les centaines d'oeuvres de l'exposition se trouve un bloc cubique de verre à l'intérieur duquel a été sculpté un éclat, parfaite représentation de l'univers une fraction de seconde après le Big Bang. Les visiteurs de l'exposition peuvent tourner autour et au-dessus, ils ne s'en privent pas, c'est l'une des plus belles oeuvres exposées. Il s'agit de "Proposition pour un nouveau modèle de l'univers" d'Anish Kapoor. Ainsi, ce bloc représente l'espace dans lequel s'étend notre univers et nous, spectateurs, nous trouvons là où Dieu est, c'est-à-dire omniscient vis-à-vis de chaque recoin de l'univers. Nous assistons à la création du temps et nous sommes face à l'une des questions fondamentales : s'il n'existe pas de nécessité physique à la création de l'univers, quelles en sont la raison et le sens? Ainsi, nous pouvons tenter de nous tenir à la place de Dieu, intellectuellement, il nous demeure impossible de comprendre le geste de Création. Il nous reste à observer le résultat : la Création/création est nécessaire à la vie.

J'ai protesté contre l'emplacement de ce bloc situé au milieu du passage si bien qu'il était difficile de rester longtemps devant sans gêner la circulation des autres visiteurs. Finalement, je me dis qu'au fond, cela nous empêche de rester trop longtemps dans les chaussures de Dieu...

(à suivre)
Charlotte
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commentaires

A
Je ne crois pas que ce soit inutile de parler d'une exposition terminée, ça prouve au contraire qu'elle était très riche puisqu'elle suscite encore réflexion et question. Je ne savais pas que tu avais vu l'exposition, j'attends avec intérêt la suite.
Répondre
L
<br /> La suite arrive, la voici, la voilà !<br /> <br /> <br />