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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 09:12

The Diamond sea : ascension.

 

Paul : La violence du projecteur stroboscopique dirigé sur l’escalier fait qu’on ne le voit pas, du coup.

Mick : Oui, cette alternance infernale d’éclairs et de nuit aveugle, mais si tu tiens le choc, au contraire,8--l-Escalier.JPG l’escalier risque de t’apparaître… comme une apparition. Fugace, évanescente, qui émerveille et fait souffrir à la fois.

- M’enfin ! Tu pousses un peu, ce n’est jamais que le moyen de monter à l’étage ! Tu vas finir par interpréter les extincteurs.

- C’est vrai que les rédacteurs du livret d’accompagnement ne comptent pas la pièce avec cet escalier dans la composition du parcours mais, tu vois, ces degrés éclatants découpés sur la nuit, ça  m’obsède un peu : tellement emblématiques de l’élévation d’une quête spirituelle. Et Claude Lévêque a choisi de l’éclairer non pas de manière pratique, comme un élément utilitaire, mais de l’éblouir.

- Et t’es prévenu, y a un danger réel si t’as des tendances épileptiques. Bon, on monte ? C’est moins dangereux que de rester en bas !

- On y va, mais dans presque toutes les cultures, l’escalier symbolise une montée dans la connaissance, une ascension de l’âme. Mais comme un vrai symbole il possède aussi son versant négatif.

- Evidemment, faudra le descendre !

- En haut, on voit la salle qui s’ouvre devant, mais on a la possibilité de se retourner et de parcourir le couloir dans lequel aboutit l’escalier. On arrive à une ouverture qui donne sur la première pièce. Désormais, elle apparaît encombrée, non seulement des filets, de la boule à facettes et des projecteurs, mais d’effets. En revenant sur tes pas tu es figé par un faisceau de lumière blanche à peine bleutée qui longe une gigantesque lame miroitante suspendue au plafond.

Copie-de-9-3.JPG- C’est l’épée de Damoclès ?!

- Non, elle est horizontale, froide et pure. Un son linéaire, sans aucune modulation semble infinir ton retour vers l’arrivée de l’escalier. Ta régression, ton retour en arrière s’accompagne de cette pureté assassine.

- Dans le livret, ça s’intitule Seppuku ? C’est la transcription exacte du mot japonais qu’on a traduit par Hara Kiri au 19ème siècle.

- Condamnés à mort, des samouraïs avaient le privilège de sauver leur honneur en s’éventrant eux-mêmes selon un rite ancestral, vêtus de blanc immaculé, front bandé.

- Bref, c’est un suicide. Il revient du Japon, Claude Lévêque ?

- Oui, l’an dernier, il y a présenté une énorme installation in situ, Dans le silence ou dans le bruit, dans une maison, Kiriyama house, pour l’Art Triennale. Mais il doit bien avoir lu le Hagakure et Mishima qui s’est donné la mort en 1970 par seppuku puis décapité par son second.

- Arrête, on se croirait dans un groupuscule fasciste !

- En face, si tu avances, tu arrives dans l’espace ultime, la fin du parcours. La pièce est nue, rigoureusement vide, sans éclairage artificiel. Elle ne reçoit de lumière que celle du jour qui entre par une grande porte à deux battants juste entrouverte.

 

THE DIAMOND SEA, CLAUDE LÉVÊQUE

Jusqu’au 3 octobre 2010. Dans le cadre de "Casanova Forever", manifestation d'art contemporain pilotée par le Frac Languedoc-Ropussillon, Conception sonore en collaboration avec Gerome Nox. Commissariat: Noëlle Tissier.

Centre régional d'art contemporain, 26 quai Aspirant Herber - 34200 Sète. Tél.: 04 67 74 94 37.
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 12h30 à 19h, samedi et dimanche de 15h à 20h. Entrée libre.

http://crac.lr.free.fr/  +  http://www.claudeleveque.com/

 

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